Je vais bien, ne t’en fais pas

Samedi 14 janvier 16h, le téléphone sonne. « C’est moi, je vais être en retard ». Moi, étonnée : « Ah bon, pourquoi ? » « J’ai eu un accident, la moto est HS. » Moi, incrédule : « Si c’est une blague, elle est pas drôle. » « Non non, je ne rigole pas. » Moi, inquiète : « Mais toi, ça va ? » puis voulant en savoir plus, puis commençant à légèrement paniquer, crisant au bout du fil : « Mais tu es où ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu roulais vite ? Y’a quelqu’un d’autre de blessé ? WTF qu’est-ce qui se passe pubip de bobip de merbip ?!!! » Respire, écoute les signaux que t’envoie ton cerveau et qui te disent que s’il parle au téléphone, c’est qu’il va encore bien. Reprends-toi bon sang, les z’enfants te regardent avec de grands yeux et les oreilles en antennes paraboliques qui pourraient capter des signaux de l’espace intergalactique tellement elles sont dépliées. Du calme.

« Non rien que moi, mal au genou, rien d’autre, on retourne la chercher et on sera là dans deux heures. »

Environ. Deux heures. Attendre, le ventre noué, tenter de garder son stress à l’intérieur. Ce n’est pas comme si Misspaillettes rentrait dans deux heures justement de la classe de neige et qu’on lui avait promis de venir la chercher tous ensemble au car. Ce n’est pas comme si j’avais maintenant Miniprincesse et Timouton soudainement inquiets, se demandant bien pourquoi leur mère fait une tête pareille et ne voulant pas se contenter des maigres explications qu’elle leur donne. Que c’est énervant d’avoir les mots qu’il faut bloqués au fond de la gorge, ne pas être rassurante, ne pas expliquer avec sang-froid à mes propres enfants que tout va bien, Papa va rentrer, je n’en sais pas plus que vous, est-ce que j’ai l’air de paniquer moi ? Non tu vois, ça va aller.

Ma copine M. (de chez qui l’appel provenait) m’a rappelée quand ils sont partis. Je l’en remercie encore. Elle a deviné, elle, quelle réaction je pouvais bien avoir, accrochée au fil blanc, debout dans le salon. « Ne t’inquiète pas, ça va, plus de peur que de mal. » Il faut calmer mes nerfs et leurs esprits, on va sortir. De toutes façons, on avait prévu de faire des courses pour le dîner.

Samedi 14 janvier, 18 h. Il arrive sur le grand parking, avec son air déconfit, le jean troué, juste au moment où notre grande va descendre du car, toute à sa joie du voyage. A peine dans nos bras, elle me regarde : « Tu pleures ? » « Non, je suis contente que tu sois rentrée. » Et que ton père aussi en même temps.

Un soleil de 15h éblouissant en plein virage, une petite départementale, heureusement sèche, une vitesse modérée. Un coup de frein, une glissade, la chute. La moto a tapé dans la glissière de sécurité. Sa tête s’est arrêtée à quelques centimètres du poteau.

Le genou écorché, la cheville et la côte douloureuses se remettront vite. La moto elle, est bonne à vendre en pièces détachées.

Il ne manquait plus que ça arrive la veille, moi qui ne suis pas superstitieuse.

14 réflexions sur “Je vais bien, ne t’en fais pas

  1. Beaucoup de chance. C’est le principal. J’ai perdu mon meilleur ami dans exactement les mêmes circonstances, lui a pris le poteau pleine tête. La moto ça fait mal au porte-monnaie, mais seulement au porte-monnaie.

  2. Ouf, plus de peur que de mal!
    J’ai connu ça avec mon ex, « Allô, j’ai eu un accident, la moto est morte. » Mais sa voix était rassurante, je n’ai pas paniqué. En plus, la veille, ma mère m’avait téléphoné pour me dire que mon frère avait eu un accident de voiture… alors j’avais épuisé toute mon inquiétude…
    Maintenant il a un jean’s à la mode!

  3. bouh quel stress ! les motos ça me fait très peur (la voiture aussi remarque, c’est pathologique à ce niveau là)…pourvu que mon fils ne veuille pas un scooter (de toute façon ce sera non et sans appel ))

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  5. @ toutes : merci pour vos petits mots ! Ça va mieux, et surtout on relativise ! On n’avait pas la moto depuis très longtemps, mais pendant cette période on en a quand même profité, et ça n’est que matériel. D’ici à ce qu’une autre rentre dans notre garage, j’ai quelques années de tranquillité devant moi, mais je l’aimais bien 😉

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  7. J’ai bien connu ton stress et le coup de fil de « j’ai eu un accident, j’ai raté un virage, la moto est morte ». Ce qui est terrible, c’est de se mettre à trembler, pleurer et stresser alors que l’histoire est finie et que ce n’est que la moto. Le mien s’est planté à 3h de route de chez moi, je n’ai pas pu résister ni me calmer, je suis partie le rejoindre en tuture, vérifier que tout allait bien, le « tater » pour voir si tout allait bien, tout était là. Il a écopé d’un bon gros trou sur la main qui est toujours visible, 1 et demi après. Je suis allée récupérer la moto quelques jours plus tard et j’en avais toujours froid dans le dos.
    Depuis, il s’est racheté un moto et je lui ai offert de bon gros gants coqués. Mais j’avoue de frémi toujours quand on me parle d’accidents de moto… même si j’aime ça. paradoxe?

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