Banana Bread et souvenirs philosophiques

Parmi mes amies, j’en ai certaines -elles se reconnaîtront- qui sont aujourd’hui encore capables de citer (au choix) : la liste entière de leurs camarades de classe en 4ème C, promo 88-89, (professeurs inclus), les dates d’anniversaires ou de mariage de TOUS leurs proches et moins proches (coucou D. !), ou ce qu’un tel lui a dit à telle heure et à tel endroit. Véridique. Quand on sait que je suis obligée de marquer un temps d’arrêt pour réattribuer leurs poids et taille de naissance aux z’enfants ou que j’ai fait un total black out sur tout mon collège, non sans raison, ça a un petit côté énervant qui me fait grincer des dents.

J’ai en revanche un souvenir bien précis de mon premier DS de philo pour lequel un manque total d’inspiration m’avait fait rendre copie blanche. La meilleure façon de se faire remarquer dès le mois de septembre par notre prof, (Monsieur D. si vous me lisez) qui, quoique jeune et ayant le sens de l’humour, n’avait pas particulièrement apprécié la blague. J’avais établi alors de bonnes bases pour une relation qui allait être définie comme de « l’amour vache » (ses propres mots) pendant tout le reste de ma terminale. J’ai détesté la philo pendant un an mais les rapports se sont ensuite apaisés avec le prof, pour finir en entente cordiale en juin. Ce premier conflit avait eu le mérite de déclencher, après quelques semaines de mutisme têtu en cours, des questions farfelues, piquantes ou complètement niaises de ma part, juste histoire de juger sa réaction. Le devoir en lui-même m’avait valu la seule et unique colle de tout mon parcours d’élève -presque- modèle, personne n’est parfait, où j’avais bien été obligée de mettre à contribution mon cerveau histoire de sortir une copie pas trop mauvaise. Et j’ai réussi à obtenir un 10.5 au Bac, en terminale littéraire, excusez du peu.

Tout ça pour dire que, si je n’ai rien posté ces dernières semaines, c’est parce que je me suis retrouvée exactement dans la même situation que devant cette copie rendue vide. Je ne savais pas comment transformer les idées là-haut en mots sur le clavier. Et quand on voudrait dire des choses mais qu’on ne sait pas comment, y réfléchir obstinément conduit au blocage. Rien de vital là-dedans, le blog n’est pas mon travail, sinon je crois que j’aurais été contrainte de trouver vite fait des solutions. Mais la frustration, elle, a été à son comble pendant toutes ses semaines. J’avoue que ce billet traîne depuis pas loin d’un mois dans ma tête sans que j’arrive à le sortir.

source : writingbox.tumblr.com

Globalement, depuis le dernier post, ça a donné ça : *s’installe devant son écran*, *réfléchit à un titre (le titre c’est la clef de contact)*, *cherche une bonne photo (c’est l’allumage du moteur, en gros)*, *ne trouve pas de photo*, *a déjà perdu 15 minutes*, *tant pis, commence à tapoter quelque chose*, *lève les yeux au ciel*, *efface*, *recommence*, *ré-efface*, *tape du poing sur le bureau*, *maudit l’ordinateur, Google, et tous les dieux de l’internet*, *s’éloigne rageusement du bureau sur le siège à roulettes*, *ferme tout en criant*, *pense que demain ce sera mieux*. Demain, c’est pire. Et là je me suis imaginée dans la situation de l’écrivain qui lui, dépend financièrement de sa plume, et j’ai compris pourquoi c’était sa plus grande crainte, finalement. La foutue page blanche.

Ecrire des billets, sans cesse renouvelés, c’est super ! Avoir des retours, c’est encore mieux ! Mais écrire (ça peut paraître bien pompeux, je ne suis pas écrivain, mais il n’y a pas d’autre terme qui convienne) c’est frustrant, car c’est toujours imparfait. Ne pas écrire, l’est encore plus, car on a le sentiment de perdre quelque chose. Trouver le temps d’écrire, c’est le pire.

Je dois dire que notre hiver digne de Game of Thrones (comment font-ils pour supporter ça plusieurs années ?) et quelque chose de sadique nommé « la f*cking vie quotidienne » se sont bien occupés de me remplir les mains, la tête et de tester ma santé mentale (oui, oui) ces dernières semaines. Des projets qui n’avancent pas, un mari absent la semaine, des gestions de mini-crises à répétitions avec les z’enfants ont créé beaucoup de fatigue et un manque de motivation pour tout, en général, et le blog s’est retrouvé à la queue des préoccupations. Certains soirs, l’appel du canapé a été plus fort que celui du bureau, et j’ai bien failli volontairement oublier de mettre mon réveil pour le lendemain plusieurs fois.

J’ai même pas mal décroché de mes lectures de blogs habituelles, je ne sais pas, pas grand-chose ne m’attirait, et plus je mettais de distance plus j’avais du mal à m’y intéresser. Il n’y a qu’Instagram à qui je suis restée fidèle.

Mais bon l’ermitage, ça va bien 5 minutes, et de là à vivre sans internet, t’es pas folle non ?, il y a un canyon que je ne franchirai pas.

Tout ce beau discours pour vous amener à une recette que je fais beaucoup dernièrement à la maison. Je croyais honnêtement l’avoir déjà postée, la preuve que vous ne savez pas encore tout de ma vie, mais non, alors j’ai pensé qu’en marchant un peu sur des oeufs (haha) après une telle absence, avec une recette dans la main, je marquerai quelques points, non ? (Dites oui !)

Le banana bread, donc, ne se contente pas d’être délicieux, il est aussi anti-gaspi puisque si l’on a des bananes qui vieillissent dans la cuisine, c’est le meilleur moyen de les utiliser sans les jeter.

Le banana bread

Pour 8 pers., préparation 20 mn, cuisson 45 mn

Il faut : 100 g beurre 1/2 sel mou, 100 g sucre de canne, 2 oeufs, 220 g farine, 3 bananes très mûres, 1 sachet levure, 2 cs lait.

Comment faire : beurrer le moule et préchauffer le four à 180°C. Mélanger le beurre et le sucre, jusqu’à obtenir une crème, ajouter les oeufs, le laitet les bananes écrasées. Mélanger, verser la farine et la levure, mélanger mais pas trop. Verser dans le moule, enfourner.

A consommer tiède à la sortie du four, ou le lendemain avec un bon thé, c’est delicious !

Par souci de ne pas risquer de faire péter les maillots si un jour on a un été, je ne fais pas de glaçage, mais la recette originale US en met un, elle.

Bon week-end !

2 réflexions sur “Banana Bread et souvenirs philosophiques

  1. Je comprends très bien ce genre de passage à vide ou tout semble « infranchissable ».
    Chez moi c’est de toute façon par phase. Pendant 3 ou 4 mois je vais avoir plein de choses a dire et a écrire et puis plus rien pendant des semaines.

    Mais quand j’y reviens a chaque fois c’est du plaisir 🙂

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